23 juin 2021
- Le fond de l'histoire
Le fond de l’histoire : La COVID-19 et les soins de santé au Canada

Du seuil critique à un réel tournant?
Maintenant que la pandémie de COVID-19 a franchi le cap du un an, nous avons pensé jeter un regard rétrospectif sur les répercussions qu’elle a eues sur les soins de santé. Cette période sans précédent nous permettra sans aucun doute de tirer des leçons importantes sur des questions sans précédent. Ainsi, quelles sont les nouvelles leçons que nous a enseignées la pandémie en matière de soins de santé? Il s’avère que plus on cherchait de nouveaux enseignements, moins on en trouvait. Au lieu de cela, la pandémie semble amener à un seuil critique de vieilles leçons apprises, des leçons que nous avons omis de suivre pendant des années. La pandémie nous dit-elle, dans un appel à l’aide désespéré (ou plutôt en criant), que nous ne pouvons plus ignorer de nombreux problèmes bien documentés dans le secteur des soins de santé? Si ces enjeux passent du seuil critique à un réel tournant, il faut espérer que les effets catastrophiques de la pandémie agiront comme un puissant catalyseur du changement.
Les personnes vulnérables passent entre les mailles du filet des soins de santé
Même si vous avez l’impression d’avoir vécu dans une grotte, il aurait fallu que vous ayez la tête enfouie dans le sable pour ne pas avoir constaté à quel point la pandémie a touché de façon disproportionnée les populations vulnérables1. En effet, la COVID-19 a révélé, et ce, de façon récurrente, à quel point notre système de santé néglige les personnes marginalisées. Révélé? Vraiment? Ou est-ce qu’elle a simplement mis en lumière ce que nous savions déjà? Regardons-y de plus près…
Bien sûr, toute discussion sur les leçons que la pandémie nous a apprises en matière de soins de santé serait très déficiente si elle ne tenait pas compte des répercussions dévastatrices sur les personnes âgées, en particulier celles qui vivent dans des environnements collectifs comme les établissements de soins de longue durée et les résidences pour retraités2. Or, ces répercussions ne devraient pas nous étonner, car elles ne font que confirmer ce que nous savions déjà, à savoir que les personnes âgées sont plus vulnérables aux risques pour la santé. Par exemple :
- Âge : Avant l’apparition des variants de la pandémie, les statistiques révélaient qu’avec l’âge venait l’augmentation du risque d’effets graves de la COVID-19 sur la santé3. Mais étant donné que la COVID-19 est un virus contagieux qui provoque des maladies respiratoires, ne pouvait-on pas supposer que l’âge était probablement un facteur de risque? Pour ce qui est de la grippe, une autre maladie respiratoire contagieuse, l’âge comme facteur de risque est un message dominant de la santé publique, qui incite notamment les personnes âgées à se faire vacciner contre cette affection4.
- Problèmes de santé sous-jacents : Des études suggèrent que les problèmes de santé sous-jacents augmentent le risque de COVID-195. Or, le fait que les problèmes préexistants augmentent le risque concernant d’autres problèmes de santé est déjà bien documenté6. Et on sait déjà très bien aussi chez quelle population les problèmes de santé préexistants sont les plus fréquents (indice : ce ne sont ni les enfants, ni les jeunes adultes, ni les personnes d’âge moyen)7.
- Environnement : La vie en communauté favorise la propagation de la COVID-198. Mais ne savions-nous pas déjà que les maladies infectieuses se transmettent plus facilement dans les groupes confinés, puisqu’il peut être difficile de maintenir une distanciation physique9? Et ne savions-nous pas également que le Canada a l’un des plus hauts taux de personnes vivant en institution au monde, ce qui, par conséquent, les soumet à un risque accru (réponses : oui et oui)10?
Plus particulièrement, en ce qui a trait aux établissements de soins de longue durée, le gouvernement fédéral a déterminé que la surpopulation, la mauvaise ventilation et le manque chronique de personnel étaient des facteurs contribuant à la propagation de la COVID-1911. Cela semble étrangement familier. Il s’avère que nous avons déjà entendu tout cela – en fait, même 150 fois déjà12. Alors qu’il discutait de son nouveau livre, un appel à l’action pour la réforme, le chroniqueur de santé de longue date André Picard expliquait que « depuis l’avènement de l’assurance-maladie, 150 rapports ont été publiés à ce sujet, à savoir comment remettre en état le système de soins de santé canadien. Chacun d’eux traite en long et en large des soins de longue durée13 ». Dans un même ordre d’idées, le récent rapport de la Commission ontarienne d’enquête sur la COVID-19 dans les foyers de soins de longue durée fait état d’« années de négligence », et selon les groupes de défense des droits, le rapport est « à la fois un appel à l’action et une horreur. Ce n’est cependant pas une surprise14 ».
Des discussions – et des groupes de travail – et (presque) aucune action
Les aînés ne sont pas la seule population vulnérable à passer entre les mailles du filet des soins de santé, comme l’explique le gouvernement fédéral : « certaines populations, qui étaient déjà en moins bonne santé et qui avaient moins de possibilités d’avoir une bonne santé, couraient un plus grand risque de répercussions directes (c.-à-d. maladie et décès) de la pandémie et ont davantage subi les répercussions des mesures de santé publique15 »; on parle de certaines populations, soit les populations vulnérables bien connues comme les personnes aux prises avec des problèmes de toxicomanie ou des troubles de santé mentale, les personnes à faible revenu et les sans-abri, les peuples autochtones et les travailleurs de première ligne dont les choix sont souvent limités en raison des bas salaires, de l’absence de prestations de maladie et de l’absence de sécurité d’emploi16.
Il est clair que la pandémie ne joue pas le rôle d’un exposé révélant des problèmes existants d’inégalité en santé, mais plutôt de rapport d’enquête – révélant un manque de préparation pour s’attaquer à des problèmes de longue date et, à bien des égards, les exacerbant. Maintenant que les projecteurs de la pandémie sont braqués sur les inégalités en santé, comment les aborder (enfin) pour que tout un chacun ait les mêmes chances d’être en bonne santé, quels que soient son identité et son lieu de résidence?
Le principal moyen de lutter contre les inégalités en santé est de s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé17. Comme l’a décrit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les déterminants sociaux de la santé sont « les facteurs non médicaux qui influencent les résultats en matière de santé. Il s’agit des conditions dans lesquelles les gens naissent, grandissent, travaillent, vivent et vieillissent, ainsi que de l’ensemble plus vaste de forces et de systèmes qui façonnent les conditions de la vie quotidienne18 ». Tout, du genre, de la race et de la capacité, mais aussi de l’éducation, du revenu et du logement (pour n’en citer que quelques-uns), influence l’équité en matière de santé, en raison de l’accès variable aux ressources, aux privilèges et au pouvoir19.
Le meilleur scénario : la pandémie amène à un seuil critique les problèmes d’inégalité en matière de santé qui existent depuis longtemps. Dans l’idéal, cette précarité mènerait à un tournant attendu depuis longtemps pour que l’on s’attaque aux déterminants sociaux de la santé en apportant des changements systémiques. Des changements qui nous rendront beaucoup plus prêts à une pandémie que nous ne l’étions. Et, plus généralement, des changements visant à protéger et à promouvoir la santé de tous, pandémie ou pas. Regardons-y de plus près…
Adopter les soins virtuels à grande échelle
- Avant la pandémie : Même si le soutien virtuel en santé mentale avait certainement pris son envol avant la pandémie, peu de professionnels de la santé avaient suivi le mouvement en proposant des options de soins virtuels. Malgré des avantages comme l’amélioration de l’accès et la réduction des coûts, les soins virtuels ont eu leur lot de détracteurs, qui citaient des problèmes par rapport aux normes de qualité, à la formation, à l’autorisation d’exercer, aux modèles de paiement et à la fracture numérique entre les « nantis » et les « moins nantis » en matière de technologie. De même, les questions relatives à son efficacité et à son incidence sur la relation entre le patient et le fournisseur de soins ont semblé freiner son adoption20.
- L’expérience de la pandémie : Du jour au lendemain, les soins de santé virtuels sont passés d’une situation plus ou moins rare à une situation tout à fait courante. À la fin mars 2020, des associations nationales de médecins ont lancé le Guide sur les soins virtuels dans le but d’aider les médecins canadiens à intégrer les soins virtuels dans leur pratique21. De même, les fournisseurs de garanties de soins de santé ont favorisé l’adoption de ces soins en offrant une couverture pour les services fournis par des prestataires virtuels22. Et il s’avère que les obstacles à l’adoption peuvent être surmontés. De nombreuses régions ont élargi les codes de facturation des soins de santé publics afin de s’assurer que les honoraires comprennent un éventail de supports numériques23. De même, l’expansion des soins virtuels – par exemple, par téléphone, courrier électronique, messagerie texte, vidéos, applications et dispositifs portables – devrait contribuer à réduire la fracture numérique.
- Les prédictions post-pandémie : Le bruit court que les soins virtuels sont là pour rester et que même le terme « virtuel » disparaîtra, car « les modes virtuels de prestation de soins seront considérés comme un outil de plus dans la boîte à outils »24. En effet, selon certains partisans carrément zélés, si une maladie est traitable, les soins virtuels peuvent la traiter. Cette perspective du verre à moitié plein peut être soutenue par la liste toujours plus longue des problèmes de santé que les soins virtuels parviennent à traiter efficacement25. Une approche plus tempérée serait que « nous découvrirons où les soins virtuels sont les plus utiles, où ils sont supérieurs et où ils échouent. Et nous les peaufinerons avec le temps26».
Tirer parti de l’innovation numérique
- Avant la pandémie : L’expérience du Canada en ce qui concerne le recours à l’innovation numérique pour améliorer la collecte et la distribution des données ainsi que la communication et l’accès des patients aux soins pourrait être qualifiée de cahoteuse, avec des creux et des obstacles (et même un ou deux scandales) tout au long du parcours. Par exemple, l’adoption des dossiers de santé électroniques (DSE) est prévue depuis plus de 20 ans27. De plus, aucun mot ne caractérise mieux l’état des affaires numériques du Canada que celui de télécopieur (si désuet que vous devrez peut-être faire une recherche sur Google). Archaïque, certes, le télécopieur reste néanmoins la pierre angulaire de la communication de renseignements importants et confidentiels sur les patients entre les cabinets de médecins, les pharmacies et les hôpitaux28.
« L'adoption généralisée des soins virtuels a certainement contribué à confirmer l'importance de tirer parti de la technologie pour élargir l'accès aux soins. »
- L’expérience de la pandémie : Rien de tel qu’une pandémie, où des données précises et en temps réel sont essentielles pour élaborer des politiques et prodiguer des soins de santé judicieux, en vue de mettre nos capacités numériques à l’épreuve. Alors, à quel point nos systèmes ont-ils tenu le coup? Il est devenu de plus en plus difficile de donner un sens aux données, car les questions étaient plus nombreuses que les réponses. Par exemple, n’y a-t-il pas de coordination centralisée des données? Et les méthodes de collecte des données ne sont-elles pas normalisées pour que nous puissions comparer des pommes avec des pommes? Résultat : le dénombrement des cas de COVID-19, des totaux de tests et des suivis de contacts était confus et d’une précision douteuse29. Il est certain que l’homme, et non la technologie, doit être en partie mis en cause, mais faut-il s’étonner que le télécopieur n’ait pas été à la hauteur du défi numérique? Cette infirmière praticienne explique aux médias : « Pendant la pandémie de COVID-19, la technologie du télécopieur a connu un échec retentissant dans tout le système de soins de santé. Les fournisseurs qui n’avaient pas accès à leur télécopieur ne pouvaient pas communiquer. La transition massive vers la télécopie électronique a entraîné une surcharge des serveurs de télécopie et des défaillances des systèmes. Selon les estimations, de 15 à 25 % des télécopies envoyées n’auraient pas été reçues30».
- Prédictions post-pandémie : L’adoption généralisée des soins virtuels a certainement contribué à confirmer l’importance de tirer parti de la technologie pour élargir l’accès aux soins. Par ailleurs, les messages peu clairs durant la pandémie ont mis en évidence l’importance d’avoir en place des systèmes permettant la collecte, l’analyse et la communication de données efficaces, précises et à jour (bien qu’évidemment nécessaires même hors pandémie)31. Peut-être même allons-nous enfin débrancher nos télécopieurs. Il y a actuellement un mouvement auquel prennent part divers professionnels de la santé et le ministre des Finances de l’Ontario pour faire en sorte de « mettre la hache dans le fax »32.
Donner la priorité aux problèmes de santé mentale et de toxicomanie
- Avant la pandémie :Comme l’explique le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), « le Canada était déjà en pleine crise de la santé mentale avant l’apparition de la COVID-19 »33. Dans une année, un Canadien sur cinq est aux prises avec une maladie mentale, dont la toxicomanie34. La maladie mentale est l’une des principales causes d’invalidité au Canada, et les problèmes de toxicomanie sont également répandus35, 36. Un grand nombre de recherches traitent de la façon de s’attaquer à ces problèmes.
- L'expérience de la pandémie: Bien qu’il y ait eu quelques fluctuations à la hausse au cours de la dernière année, dans l’ensemble, la santé mentale des Canadiens a été en déclin. Et c’est sans surprise maintenant – après avoir enduré la pandémie pendant plus d’un an et fait face à la menace que représentent les nouveaux variants – que l’on constate que l’humeur est, comment dire, à la déprime. Les niveaux d’anxiété, les symptômes de dépression et la solitude sont presque aussi élevés qu’en mai 2020. La consommation excessive d’alcool est également presque aussi élevée qu’à l’époque, et la crise des opioïdes a continué de s’aggraver37. Pour répondre à cette situation, un large éventail d’organisations – employeurs, assureurs, groupes de services sociaux et gouvernements fédéral et provinciaux – offrent désormais des services virtuels gratuits de soutien en matière de santé mentale et de toxicomanie38.
- Prédictions post-pandémie : Quatre-vingts pour cent des répondants à un récent sondage mené en Ontario par l’Association canadienne pour la santé mentale croient qu’il y aura une grave crise de santé mentale après la fin de la pandémie39. Peut-être plus vraisemblable, il s’agira d’une version aggravée de la crise qui sévit déjà, une « pandémie écho » de problèmes de santé mentale. Selon les experts, cette crise sera aggravée par le fait que les gens « acceptent ce qu’ils ont perdu » et, pour beaucoup, par l’anxiété associée au retour à la routine dans une réalité post-pandémique41.
Mettre en place un système national d’autorisation d’exercer pour les médecins
- Avant la pandémie : L’idéal de tirer parti de l’innovation numérique renvoie à un autre problème de longue date : la mobilité des médecins42. Les examens pour l’obtention d’un permis d’exercice de la médecine sont nationaux, mais chaque province et territoire a ses propres exigences en matière de permis, de documentation et de frais. Par conséquent, pour traiter des patients dans d’autres régions, les médecins doivent obtenir un permis d’exercice dans ces régions. Pour les médecins, il s’agit d’une perte de temps coûteuse. Pour les patients, cela limite l’accès, notamment dans les régions éloignées ou rurales.
- L’expérience de la pandémie : La COVID-19 est indifférente aux frontières régionales. Comme tous les professionnels de la santé de première ligne, les médecins sont exposés à un risque d’infection disproportionné, et leurs services ont été mis à rude épreuve dans de nombreuses régions au pays. Ces enjeux constituent un argument de poids en faveur du déploiement des médecins dans les régions qui en ont le plus besoin. Les organismes de réglementation provinciaux/territoriaux ont commencé à accélérer l’octroi d’urgence des permis d’exercice permettant aux médecins de travailler dans plusieurs régions pendant la pandémie. La protection médico-légale est désormais étendue au-delà de la région habituelle de travail du médecin43.
- Prédictions post-pandémie : Le British Columbia Medical Journal rapporte que « la situation a évolué concernant les enjeux historiquement bien ancrés du permis d’exercice national des médecins »44. Cependant, la question nécessite plus d’action : « Les accords d’accélération et de transférabilité sont des tremplins précieux, mais aucun n’offre le même degré de mobilité des fournisseurs et d’efficacité administrative que le permis d’exercice national des médecins45.
Utiliser les professionnels de la santé dans toute l’étendue de leurs capacités
- Avant la pandémie : Pénuries de médecins, longs délais d’attente et soins axés sur le patient – autant d’enjeux qui soulignent la nécessité de recourir aux professionnels de la santé dans toute l’étendue de leurs capacités. Un exemple qui nous tient à cœur est, bien entendu, celui des pharmaciens et de leur quête pour tirer parti de l’expertise dans leur champ d’activité, voire pour l’élargir.
- L’expérience de la pandémie : Il est clair que le caractère continu de la pandémie a nécessité une approche globale. La redistribution du personnel et les charges de travail élevées ont ajouté encore plus de stress en raison du manque de main-d’œuvre. Heureusement, en tant que héros de la pandémie, les professionnels de la santé se sont surpassés en accomplissant des tâches supplémentaires conformément aux lignes directrices cliniques. Par exemple, les pharmaciens ont intensifié la gestion numérique et téléphonique des médicaments et l’éducation des patients46. De même, les préposés aux services de soutien à la personne ont pris le relais en endossant de nombreux rôles en matière de soins et de services de compassion47.
- Prédictions post-pandémie : Il faut espérer que les capacités démontrées pendant la pandémie vont non seulement se poursuivre, mais aussi susciter une nouvelle expansion des rôles. Par exemple, les tests de dépistage de la COVID-19 réalisés par les pharmaciens ouvriront-ils la voie à d’autres types de tests, comme pour la grippe, l’angine et le cholestérol? Et si les pharmaciens devenaient la principale source d’approvisionnement en vaccins de toutes sortes? De même, idéalement, le système de soins de santé devrait commencer à exploiter pleinement le potentiel des préposés aux services de soutien à la personne tout en mettant en œuvre une réforme indispensable (continuez à lire)48.
Créer des lois sur les congés de maladie payés et la protection de l’emploi
- Avant la pandémie : De nombreux travailleurs de première ligne tombent dans le piège de la maladie au travail. Lorsqu’ils sont malades – et qu’ils présentent des symptômes s’apparentant à ceux de la COVID-19 –, ils ne peuvent pas se permettre de prendre un jour de congé de maladie puisqu’ils travaillent à l’heure, à temps partiel ou à forfait, ce qui fait qu’ils sont souvent mal payés et n’ont pas accès à des prestations de maladie ni à la protection de l’emploi (pensez à de nombreux préposés aux services de soutien à la personne, ainsi qu’aux employés d’épiceries et d’usines)49. Environ 58 % des travailleurs canadiens n’ont pas accès à des congés de maladie payés par leur employeur; ce chiffre passe à 70 % pour ceux qui gagnent moins de 25 000 $ par an50. Seules deux provinces proposent des congés de maladie limités alors que les autres n’offrent que des congés de maladie non payés51.
« Environ 58 % des travailleurs canadiens n'ont pas accès à des congés de maladie payés par leur employeur; ce chiffre passe à 70 % pour ceux qui gagnent moins de 25 000 $ par an. »
- L’expérience de la pandémie : Les conséquences désastreuses du piège de la maladie au travail sont devenues réalité, les travailleurs de première ligne s’avérant parmi les plus vulnérables de la pandémie. La grande proximité favorise la transmission, et les travailleurs de première ligne – souvent aussi des travailleurs peu rémunérés – travaillent ou vivent généralement dans des environnements de vie commune. Par ailleurs, ils doivent souvent aller au travail et en revenir en empruntant les transports en commun. Bien qu’il soit de notre devoir public de respecter l’adage « si vous êtes malades, restez à la maison », ce n’est pas une option pour bien des gens. Afin d’encourager les travailleurs qui n’ont pas accès à des prestations de maladie à rester à la maison lorsqu’ils sont malades, le gouvernement fédéral a mis en place un programme temporaire de soutien du revenu appelé la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique. Alors que la pandémie s’éternise, les problèmes liés au programme ne cessent d’émerger, renforçant la nécessiter d’instaurer des congés de maladie payés et la protection de l’emploi – en temps de pandémie comme en dehors.
- Les prédictions post-pandémie : La pandémie a définitivement été un point de bascule illustrant à quel point les congés de maladie payés et la protection de l’emploi favorisent le bien commun et contribuent à protéger la sécurité publique. Cependant, le tournant semble difficile sans une lutte acharnée – sans plusieurs luttes, en fait. Le gouvernement fédéral se tourne vers les provinces, affirmant qu’il leur incombe d’obliger les employeurs à offrir des congés de maladie payés aux employés. Entre-temps, les luttes internes à l’échelle provinciale font que certaines régions et certains partis font pression en faveur de ce type de lois, tandis que d’autres tentent d’y mettre fin. Et certains employeurs sont réticents, comme la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, qui pense que les congés de maladie payés engendreront des coûts ingérables pour les petits employeurs52. Or, il y a eu un certain mouvement puisque l’Ontario et la Colombie-Britannique promettent maintenant toutes deux des changements, mais les détails restent encore à venir53.
De la crise au catalyseur…
Peut-être fallait-il toucher le fond pour provoquer le changement. Quoi qu’il en soit, il est possible qu’à l’avenir, plutôt que de reconstruire après la pandémie, nous devrions nous concentrer sur l’adoption de changements attendus depuis longtemps concernant les enjeux déjà connus avant la pandémie. Le fait de s’attaquer à ces problèmes bien documentés – et pour la plupart assez stagnants – devrait contribuer à améliorer les soins de santé pour tous les Canadiens.
Mais comment s’y prendre? Au Canada, la solution est généralement de recourir à davantage de commissions, d’études, de rapports. Cependant, puisque ces problèmes – et dans de nombreux cas, les conséquences qui en découlent – ne datent pas d’hier, moins il y a de commissions, mieux nous nous en portons. Dans cette « nouvelle normalité », réduisons le nombrilisme et agissons davantage.
Et maintenant, portés par l’idée que des changements sur nombre de ces enjeux sont (enfin) dans l’air, nous avons pensé terminer sur une note positive. Voici une brève liste de quelques faits saillants concernant les soins de santé en temps de pandémie. Oui oui, des faits saillants!
FAITS SAILLANTS CONCERNANT LES SOINS DE SANTÉ EN TEMPS DE PANDÉMIE |
|
Et, le plus positif dans tout ça, jusqu’à maintenant, l’adoption du vaccin est en train de gagner la guerre contre les réfractaires aux vaccins.
1 « Les répercussions sociales et économiques de la COVID-19 : Le point après six mois », Statistique Canada, le 20 octobre 2020. Consulté en mai 2021 : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-631-x/11-631-x2020004-fra.htm.
2, 12, 13, 14 « ‘Neglected No More' exposes deplorable state of senior care in Canada », Pamela Fieber, CBC News, le 11 mars 2021. Consulté en mai 2021 : https://www.cbc.ca/news/canada/calgary/wordfest-book-neglected-no-more-exposes-deplorable-state-of-senior-care-in-canada-1.5946420.
3, 5, 8, 9, 10, 11, 15, 16, 48 « Du risque à la résilience : Une approche axée sur l’équité concernant la COVID-19 », Agence de la santé publique du Canada, octobre 2020. Consulté en mai 2021 : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/organisation/publications/rapports-etat-sante-publique-canada-administrateur-chef-sante-publique/du-risque-resilience-approche-equite-covid-19.html.
4 Site Web du gouvernement du Canada, « Grippe (influenza) : Prévention et risques ». Consulté en mai 2021 : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/grippe-influenza/prevention-risques.html.
5 Site Web du gouvernement du Canada, « Personnes susceptibles de présenter une forme grave de la maladie ou des complications si elles contractent la COVID-19 ». Consulté en mai 2021 : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/personnes-susceptibles-gravement-malades-contractent-covid-19.html.
6 « Individual diseases or clustering of health conditions? Association between multiple chronic diseases and health-related quality of life in adults », David Alejandro González-Chica et al., le 21 décembre 2017. Consulté en mai 2021 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29268792/.
7 « Vieillissement et maladies chroniques : Profil des aînés canadiens », Agence de la santé publique du Canada, décembre 2020. Consulté en mai 2021 : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/vieillissement-maladies-chroniques-profil-aines-canadiens-sommaire.html
17 Site Web des Centers for Disease Control and Prevention, NCHHSTP Social Determinants of Health, Frequently Asked Questions. Consulté en mai 2021 : https://www.cdc.gov/nchhstp/socialdeterminants/faq.html.
18, 19 Site Web de l’Organisation mondiale de la Santé, « Social Determinants of Health ». Consulté en mai 2021 : https://www.who.int/health-topics/social-determinants-of-health#tab=tab_1.
20 « Telemedicine benefits: For patients and professionals », Zawn Villines, Medical News Today, le 20 avril 2020. Consulté en mai 2021 : https://www.medicalnewstoday.com/articles/telemedicine-benefits.
21 « L’AMC lance un guide pratique pour aider les médecins à dispenser des soins virtuels », Association médicale canadienne, le 31 mars 2020. Consulté en mai 2021 : https://www.cma.ca/fr/actualites/lamc-lance-un-guide-pratique-pour-aider-les-medecins-dispenser-des-soins-virtuels.
22 « COVID-19 – Les soins virtuels sont là pour rester », Deloitte, 2020. Consulté en mai 2021 : https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/ca/Documents/life-sciences-health-care/ca-fr-covid-19-digital-health-and-virtual-care.pdf.
23 Site Web de l’Institut canadien d’information sur la santé, « Codes de facturation des médecins en réponse à la COVID-19 », le 18 mai 2021. Consulté en mai 2021 : https://www.cihi.ca/fr/codes-de-facturation-des-medecins-en-reponse-a-la-covid-19.
24, 26 « From a distance: COVID-19 puts more of a spotlight on virtual care’s potential », Stuart Foxman, eDialogue, le 12 juin 2020. Consulté en mai 2021 : https://dialogue.cpso.on.ca/2020/06/covid-19-raises-profile-of-virtual-care/.
25 « The role of telehealth during COVID-19 outbreak: a systematic review based on current evidence », Elham Monaghesh et Alireza Hajizadeh, BMC Public Health, le 1er août 2020. Consulté en mai 2021 : https://dialogue.cpso.on.ca/2020/06/covid-19-raises-profile-of-virtual-care/.
27 « Electronic Health Records: Then, Now, and in the Future », R S. Evans, US National Library of Medicine – National Institutes of Health, le 20 mai 2016. Consulté en mai 2021 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5171496/.
28 « Ontario to (finally) pull the plug on fax machines in public service », Thomas Daigle, CBC News, le 19 mars 2021. Consulté en mai 2021 : https://www.cbc.ca/news/science/ontario-fax-machines-1.5955753.
29 « Is more testing behind the record numbers of COVID-19 cases in Canada? Your testing questions answered », Emily Chung et al., CBC News, le 28 octobre 2020. Consulté en mai 2021 : https://www.cbc.ca/news/health/ask-covid-testing-questions-1.5777576.
30 « Axe the fax: A primer on fax tech in the 21st century, an Ontario’s healthcare system perspective », Beth Gerritsen, 2021. Canadian Healthcare Network. Consulté en mai 2021 : https://www.canadianhealthcarenetwork.ca/axe-the-fax-a-primer-on-fax-tech-in-the-21st-century-an-ontarios-healthcare-system-perspective.
NOUVEAUTÉS
Le printemps est arrivé et les biosimilaires font les manchettes…
Une étude montre que le soutien des patients favorise une transition en douceur
Une étude récente intitulée Patient perspectives on the British Columbia Biosimilars Initiative : a qualitative descriptive study a révélé que le soutien des patients par les cercles sociaux et les professionnels de la santé, ainsi que la prise de décision partagée, peuvent faciliter la transition des produits biologiques aux biosimilaires. Cela a été le cas malgré l’appréhension et l’anxiété des patients à l’égard du changement. Ainsi, cette étude illustre l’importance de fournir un soutien adéquat aux patients pendant le processus de transition vers un biosimilaire.
Les chercheurs se sont penchés sur un certain nombre d’entretiens menés avant et après la transition relativement à la nouvelle initiative de la Colombie-Britannique en matière de biosimilaires. Avant la transition, même si les participants à l’étude connaissaient quelque peu les biosimilaires et le processus de transition, nombre d’entre eux ont fait part de leur inquiétude quant aux répercussions de la transition sur la prise en charge de la maladie et ont exprimé leur mécontentement à l’idée de devoir changer de médicament. Cependant, sans égard aux préoccupations liées à l’efficacité et à l’innocuité, après la transition, la plupart des participants à l’étude parvenaient à bien prendre en charge leur état de santé.
Voici donc les conclusions de l’étude : « Des stratégies de communication adéquates et efficaces de la part des professionnels de la santé à l’égard des patients concernant la transition sont nécessaires pour assurer la réussite de cette transition et de la prise en charge de la maladie. L’importance d’une communication efficace avec le patient a été soulignée pour prévenir l’apparition de l’effet “nocebo”, défini comme “l’aggravation des symptômes induite par une attitude négative à l’égard d’une intervention thérapeutique non pharmacologique”. »
Pour accéder à l’étude, consultez
https://europepmc.org/backend/ptpmcrender.fcgi?accid=PMC8102664&blobtype=pdf
Le Québec, quatrième province à annoncer une politique d’adoption des biosimilaires
Le 18 mai 2021, le gouvernement du Québec a annoncé son intention de mettre en œuvre une politique d’adoption des biosimilaires, rejoignant ainsi la Colombie-Britannique, l’Alberta et, plus récemment, le Nouveau-Brunswick. Le Québec n’a pas encore révélé les détails de cette nouvelle politique, à l’exception du fait que d’ici le 12 avril 2022, les Québécois qui prennent un médicament biologique d’origine pour lequel un médicament biosimilaire est disponible devront passer au biosimilaire sous la supervision de leur médecin. La transition vers les biosimilaires est reconnue comme étant un moyen efficace de contrôler les coûts des soins de santé et de financer de nouveaux traitements. Par exemple, le Québec estime que d’ici 2022, l’initiative générera des économies de 100 millions de dollars, qui seront réinvestis dans le système de soins de santé.
Le Nouveau-Brunswick a lancé son programme de biosimilaires le 21 avril 2021. Entre le 21 avril et le 30 novembre 2021, les Néo-Brunswickois qui prennent les médicaments d’origine suivants pour divers problèmes de santé doivent passer aux biosimilaires pour conserver leur couverture provinciale.
HUMIRA :
- Spondylarthrite ankylosante
- Psoriasis en plaques
- Polyarthrite psoriasique
- Polyarthrite rhumatoïde
- Maladie de Crohn
- Colite ulcéreuse
- Arthrite rhumatoïde juvénile polyarticulaire
- Hidradénite suppurée
- Uvéite non infectieuse
ENBREL :
- Spondylarthrite ankylosante
- Psoriasis en plaques
- Polyarthrite psoriasique
- Arthrite rhumatoïde juvénile polyarticulaire
- Polyarthrite rhumatoïde
REMICADE :
- Spondylarthrite ankylosante
- Psoriasis en plaques
- Polyarthrite psoriasique
- Polyarthrite rhumatoïde
- Maladie de Crohn
- Colite ulcéreuse
LANTUS :
- Diabète
HUMALOG :
- Diabète
RITUXAN :
- Polyarthrite rhumatoïde
- Vascularite
- Maladies auto-immunes
COPAXONE :
- Sclérose en plaques
EN OUTRE, DEUX PROVINCES ONT ÉTENDU LEUR INITIATIVE EN MATIÈRE DE BIOSIMILAIRES : |
|
Nous vous tiendrons au courant des développements dans chaque province concernant les biosimilaires. D’ici là, pour de plus amples renseignements sur les programmes de biosimilaires ci-dessus, consultez les sites suivants :
- Québec : https://biosimilairescanada.ca/blogue/le-gouvernement-du-quebec-annonce-un-virage-vers-les-biosimilaires/
- Colombie-Britannique : https://www2.gov.bc.ca/gov/content/health/practitioner-professional-resources/pharmacare/pharmacare-publications/pharmacare-newsletters#biosimilars
- Nouveau-Brunswick : https://www2.gnb.ca/content/gnb/fr/ministeres/sante/Assurancemaladies
- Alberta : https://www.alberta.ca/biosimilar-drugs.aspx
La recherche fait la lumière sur la santé numérique pendant la pandémie
Pour donner un aperçu de l’utilisation des technologies de santé numérique pendant la pandémie, Inforoute Santé du Canada a publié ce printemps diverses analyses basées sur les données recueillies dans le cadre de son Sondage canadien sur la santé numérique de 2020. Il s’agit d’un sondage en ligne qui a été menée auprès de 6 002 Canadiens âgés de plus de 16 ans du 13 au 31 août 2020.
Analyse de l’équité en santé numérique : Accès aux services de santé électroniques
Cette analyse aborde les inégalités d’accès aux services de santé numérique et l’impact de certains déterminants socioéconomiques de la santé sur l’accès aux technologies de santé numérique. Outre les données recueillies dans le cadre du Sondage canadien sur la santé numérique de 2020, cette analyse s’appuie également sur les résultats des Sondages canadiens sur la santé numérique de 2018 et de 2019, des consultations nationales durant la COVID et des sondages de suivi hebdomadaires de la COVID réalisés d’avril à août 2020. Les principales constatations sont les suivantes durant la pandémie :
- Les hommes et les femmes adultes de tous les groupes d’âge ont obtenu des scores inférieurs à ceux des jeunes en ce qui concerne la littératie en santé numérique et utilisaient moins les soins virtuels que les jeunes. Toutefois, les jeunes femmes étaient plus susceptibles de signaler avoir affronté des obstacles pour accéder aux soins de santé.
- Les Canadiens des régions rurales accédaient moins aux services de santé électroniques que ceux des centres urbains.
- Seulement la moitié des Canadiens vivant avec un handicap ont déclaré avoir accès à la santé numérique.
- Les Canadiens de race noire étaient environ deux fois plus susceptibles d’utiliser des services électroniques en santé mentale et la télésurveillance – et de déclarer que leurs consultations virtuelles avaient pour motif la COVID-19 – que les Canadiens de race blanche.
- Les Autochtones étaient plus susceptibles de déclarer ne pas avoir le même accès que les autres Canadiens aux services de santé et à toute l’information nécessaire pour s’occuper efficacement de leur santé. Cependant, ils avaient davantage accès à leur information médicale personnelle et à la prise de rendez-vous électronique avec un médecin qu’avant la pandémie.
Les avantages environnementaux et financiers des soins virtuels au Canada
Cette analyse explore les facteurs environnementaux et financiers associés à la prestation de soins en mode virtuel. Elle utilise les données du Sondage canadien sur la santé numérique de 2020. Selon les principales constatations, l’utilisation des soins virtuels pendant la pandémie a permis de réaliser les économies suivantes en 2020 :
- Gain de temps pour les patients : environ 90 millions d’heures en 2020, car ils n’ont pas eu à s’absenter du travail, à se déplacer pour aller en personne à leurs rendez-vous ni à prendre des dispositions pour la garde de leurs personnes à charge
- Réduction des émissions de carbone : environ 286 000 tonnes métriques d’éq. CO2
- Dépenses totales évitées : 6,1 milliards de dollars d’économies pour les Canadiens
Littératie en santé numérique des Canadiens d’âge adulte : Données du Sondage des Canadiens sur la santé numérique
Cette analyse porte sur la littératie en santé numérique des Canadiens de 16 ans et plus et sur l’influence qu’y exercent des facteurs comme le genre, l’âge et la situation socioéconomique. Elle utilise l’échelle eHEALS (eHealth Literacy Scale), une mesure en huit points conçue pour évaluer les connaissances, l’aisance et la compétence perçue avec lesquelles une personne trouve et évalue l’information en santé numérique et l’applique à ses problèmes de santé.
Les principales conclusions sont les suivantes : la littératie en santé numérique est associée à plusieurs caractéristiques démographiques. Par exemple, l’âge, l’identité du genre, la scolarité, le revenu du ménage, la couverture d’assurance et l’utilisation de services de santé numériques sont d’importants facteurs de prédiction de la littératie en santé numérique. Toutefois, ces caractéristiques n’expliquent qu’environ 10 % de la variabilité de la littératie en santé numérique. Cela renforce l’idée que la littératie en santé numérique est un comportement humain complexe qui nécessite davantage de recherches. Par exemple, quelles autres caractéristiques démographiques font une différence en matière de littératie en santé? Existe-t-il des différences ayant trait à la résidence en régions rurales et éloignées, et des différences liées à l’immigration? Par exemple, le nombre d’années passées au Canada a-t-il de l’importance?
Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site Web d’Inforoute Santé du Canada à https://www.infoway-inforoute.ca/fr/